La voiture connectée : un data center à quatre-roues

0

Chaque seconde, 29.000 Gigaoctets (Go) d’informations sont publiées dans le monde, soit 2,5 trillions d’octets de données chaque jour et 88% de ces données disponibles ne sont pas analysées.  Dans cet écosystème « Datavore »  , les données générées par les voitures connectées vont devenir un marché énorme à analyser et à monétiser.

La digitalisation de l’économie a ouvert la voie à une collecte de données sans précédent dont se sont saisis de nombreux acteurs comme Elon Musk ou les Gafa qui se sont positionnés sur le marché de la voiture du futur. En la matière, les Etats-Unis ont une longueur d’avance sur l’Europe.  Ce marché prometteur pourrait d’ailleurs atteindre 750 milliards de dollars en 2030. En France, il devrait croître de 63,6% par an en moyenne pour atteindre 2,489 milliards d’euros en 2021. Très récemment, le constructeur américain Ford a investi 1 milliard de dollars dans une startup d’intelligence artificielle pour avancer en matière de conduite autonome. Quelques exemples parmi d’autres qui reflètent bien les énormes enjeux liés à l’exploitation et l’analyse de ces données.  En effet, ces véhicules de demain seront bardés de capteurs, automatisés et connectés au cloud. Nécessaires pour des fonctionnalités d’assistance à la conduite comme le pilotage automatique, ces capteurs sont aussi de précieux aspirateurs à données. Celles-ci seront d’ordre comportementales afin d’améliorer le confort & le bien-être du conducteur mais aussi techniques pour faciliter le bon fonctionnement du véhicule avec son environnement. Elles vont d’ailleurs revêtir à la fois un caractère public et privé qui dépasseront les considérations proprement automobiles. La voiture connectée est un nouveau point de contact au service d’une expérience client de plus en plus personnalisée. En conséquence, porteuses de nouvelles exigences en termes de traçabilité, d’assurance et de sécurité, condition sinequanone pour se prémunir de cyber-attaques.

Mathias Robichon, Directeur technique NetApp France, explique que cela permettra aux données de s’auto-gouverner, “Par exemple, si vous êtes impliqué dans un accident de voiture, différentes entités pourraient souhaiter ou exiger l’accès aux données de votre voiture. Un juge ou une compagnie d’assurance pourrait en avoir besoin pour déterminer la responsabilité, alors qu’un fabricant d’automobiles pourrait souhaiter optimiser les performances des freins ou d’autres systèmes mécaniques. Les données qui ont conscience d’elles-mêmes peuvent être balisées afin de contrôler qui en voit quelle partie et quand, sans délai supplémentaire ni intervention humaine potentiellement sujette à erreurs, pour subdiviser, approuver et diffuser ces données précieuses”

De l’art de monétiser les données des voitures connectées

Une voiture d’essai autonome crée entre 5 et 50 téraoctets par jour soit une valeur commerciale génératrice d’opportunités à saisir notamment via :

  • La monétisation directe des données qui implique leur traitement comme un atout et la création de nouvelles sources de revenus. Cela peut se matérialiser par le fait d’offrir une API donnant un accès à l’analyse des données ou la vente de licences aux grossistes, détaillants ou courtiers pour accéder aux données brutes.
  • La monétisation indirecte des données permettra quant à elle d’utiliser des informations pour améliorer les opérations et les services métier afin de connaître l’impact exact que les données peuvent avoir sur les opérations commerciales.

La voiture connectée indissociable de solutions de stockage unifiées

L’avenir et les bénéfices de la mobilité connectée sont indissociables du stockage des données, de leur sécurité et de leur gestion durable dans le temps. En la matière, l’approche « Data Fabric » et l’Open Innovation offrent aux parties-prenantes de ce marché un accès privilégié, transparent et unifié aux données. Ce faisant, ils ont la liberté de les déplacer aux endroits les plus stratégiques, d’innover plus rapidement et de prendre des décisions plus éclairées tout en évitant l’effet de silo. Ces derniers devront d’ailleurs être capables d’analyser très rapidement de grandes quantités d’informations, ce qui nécessitera plus de demandes en matière de stockage et de gestion des données que jamais auparavant. Leur capacité à capitaliser sur ce nouveau marché constitue un avantage concurrentiel certain au service d’une expérience utilisateur plus unifiée et de l’ultra personnalisation qui caractérisera à l’avenir les véhicules connectés. Le Data Fabric est bien positionné pour gérer cela. Pour que la voiture connectée et autonome, soit viable, il faudra que tous les véhicules reposent sur le même principe de collecte et d’exploitation des données.

L’analyse des données est aussi le principal vecteur d’amélioration des “Smart city” pour permettre d’améliorer la qualité de vie des citoyens et de rendre leurs villes plus durables. L’obtention d’informations via des algorithmes permet une administration et une régulation des ressources en temps réel qui permettra d’asseoir une mobilité à la fois innovante et durable. Les acteurs de la mobilité & des smart cities doivent donc travailler de concert afin de créer des solutions efficaces qui permettront de garantir un impact positif sur le trafic autoroutier, la sécurité routière, la conception des véhicules ou encore l’environnement, tout en mettant en place des services à forte valeur ajoutée pour les consommateurs. D’ailleurs, la question inhérente à la gestion des données générées par les voitures connectées est complexe et n’est pas encore totalement régulée. La législation devra se prononcer sur cet aspect de « propriété de la donnée » notamment au regard du RGPD en vigueur à partir du 25 mai prochain qui a pour but d’encadrer la gestion des données personnelles. La vigilance est de mise afin qu’elles ne soient pas partagées avec n’importe qui, ni ne puissent être piratées.

Gérer cette « interconnectivité » implique une collaboration accrue et une logique collaborative entre des acteurs publics et privés tels que : les sociétés de gestion de données dans le cloud (hybride), les constructeurs automobiles, les acteurs des télécoms, le gouvernement et les collectivités.

La connectivité automobile ne fonctionnera que si la collecte, l’accessibilité et l’analyse des données sont gérées et pensées correctement, sous-tendues par des technologies adéquates pour gérer le stockage des données, suffisamment évolutives pour accompagner le développement de nouvelles fonctionnalités et la croissance du marché de l’IoT (35 milliards d’objets en 2030).

Share.

About Author

Actuellement, Directeur Technique chez NetApp France depuis mai 2017. Chez NetApp, il a intégré un premier poste d'Ingénieur Services en février 2007 puis exercé le poste de Pre-sales stockage et Expert Système SAN/NAS durant 6 ans et occupé le poste de System Engineering Manager durant 3 ans avant de prendre sa fonction actuelle . Auparavant, il a exercé le posté d'Ingénieur Système et Stockage chez Orange de Septembre 2003 à janvier 2007 et d'Ingénieur Stockage à la SGCIB. Il est diplômé de l'école d'ingénieur SUP Galilée. Mathias est un expert des systèmes de stockage.

Leave A Reply